Commentaires soumis pour la concertation sur le projet de valorisation énergétique des boues de Maera

I. Dossier de la concertation préalable

II. Les 2 contributions écrites par Eau Secours 34 et soumises lors de la concertation

1er avril 2023

Je remercie la régie des eaux et la métropole de Montpellier pour cette concertation préalable sur la future filière de traitement des boues de Maera, notamment la dernière étape du traitement intitulée « unité de valorisation énergétique des boues » consistant à incinérer les boues résiduelles après l’étape précédente de biométhanisation et digestion anaérobie. Mais je regrette que le dossier de concertation ne soit pas aussi objectif et clair qu’il prétend l’être, ce qui limite la portée et l’intérêt de la concertation.

Les 4 scénarii pour la filière de traitement des boues, étudiés en étude préliminaire, sont présentés sommairement en page 4 du dossier puis évalués qualitativement selon 4 enjeux mis en avant par le maître d’ouvrage. Celui-ci justifie le choix du scénario 4 (« unité de valorisation énergétique des boues », c’est-à-dire incinération des boues résiduelles) parce qu’il est selon lui le seul à répondre parfaitement aux 4 enjeux. Le scénario 4 est alors décrit plus en détail. Or, la présentation et l’évaluation des différents scenarii ainsi que la description détaillée du scénario 4 retenu par le maître d’ouvrage sont entachées d’omissions, d’erreurs et de contre-vérités. Cela va être difficile dans ces conditions d’avoir des contributions à la concertation avec des questions et des avis pertinents de la part des usagers, quelque soit leur connaissance du sujet. Il suffit de lire les rares contributions écrites pour s’en convaincre.

Je m’étonne par ailleurs qu’il n’y ait aucun chiffrage du rapport coûts/bénéfices même sommaire des différents scénarii, sachant que la part assainissement de notre facture d’eau va augmenter systématiquement dans les années qui viennent pour couvrir les coûts d’investissement (modernisation/extension de Maera) mais aussi les coûts d’exploitation. En page 19, le coût d’investissement de l’unité de valorisation énergétique des boues est estimé à 14,6 millions d’euros. Mais il n’y aucune estimation de son coût d’exploitation qui n’est pas nul puisqu’il faudra embaucher 7 personnes supplémentaires pour l’exploitation de cette seule unité de valorisation énergétique des boues.

L’étape de biométhanisation et digestion anaérobie est présentée en page 9 du dossier. La technologie de dessablage MERCANT n’existe pas ; il s’agit très probablement de la technologie MECTAN brevetée par Veolia. D’ailleurs toutes les technologies retenues dans la filière de traitement des boues sont des technologie d’origine et sous brevet Veolia : MECTAN (dessablage), Spiflow (flottation des MES), Biostyr (biofiltration), Pyrofluid (incinération). Il aurait été intéressant d’indiquer les technologies de dessablage, flottation des MES, biofiltration et incinération concurrentes à celles de Veolia et de justifier en quelques mots le choix de ces dernières.

Le scénario 1 consiste à éliminer les boues résiduelles par oxydation par voie humide. L’ oxydation par voie humide est une incinération mais à plus basse température que l’incinération décrite dans le scénario 4 (370°C au lieu de 870°C). L’oxydation par voie humide pose plusieurs problèmes dont certains sont partiellement résolus soit par Mineralis (technologie Suez) soit par Athos (technologie Veolia). Le problème principal est la corrosion des pièces mécaniques métalliques par les résidus minéraux chauds et chargés d’oxydants. La corrosion entraîne un coût d’exploitation très élevé puisqu’il faut régulièrement changer les pièces mécaniques. C’est la raison pour laquelle l’oxydation par voie humide est peu utilisée par les stations d’épuration françaises et non pas le fait qu’elle soit énergivore. La chaleur dégagée par la réaction d’oxydation peut être récupérée pour préchauffer les boues, ce qui contredit l’affirmation « ne produit aucune énergie » en page 14. La station d’épuration de Rennes Beaurade utilise depuis 2012 la technologie Athos d’oxydation par voie humide ; l’exploitant de la station d’épuration a constaté que les résidus minéraux contenaient parfois des quantités importantes de métaux lourds et de « forever chemicals » (PFAS et autres) ne permettant pas leur utilisation en remblai et en voirie.

Il y a 3 stations d’épuration françaises utilisant la technologie Athos d’oxydation par voie humide contre 6 stations d’épuration françaises utilisant la technologie Pyrofluid d’incinération du scénario 4. La technologie Pyrofluid n’est pas si répandue que cela non plus. Contrairement à l’affirmation page 18, les précurseurs des dioxines et des furanes sont bien présents dans les boues d’assainissement de Maera et plus particulièrement en temps de pluie. En effet, le réseau de collecte des eaux usées étant en partie unitaire, c’est par les eaux de pluie collectées après plus ou moins de ruissellement par le réseau unitaire que les boues d’assainissement vont se charger de ces précurseurs et de métaux lourds. Leur présence explique en partie le refus de bon nombre agriculteurs d’épandre dans leurs champs les boues sous forme de compost (scénario 2) ou après séchage thermique (scénario 3). Dans le cas du scénario 4, la combustion des boues par la technologie Pyrofluid va donc produire plus ou moins de dioxines et de furanes qu’il faudra éliminer avec les métaux lourds par adsorption sur charbon actif.

Après ce long préliminaire, voici mon avis et mes questions. L’ unité de valorisation énergétique des boues (scénario 4) est la moins mauvaise solution mais comme pour toute solution basée sur l’incinération des boues résiduelles, il faut que l’on nous indique précisément qu’elle va être le devenir des produits d’incinération (résidus minéraux, REFIB et charbons actifs saturés de dioxines, furanes et métaux lourds). Il est dit page 16 que les résidus minéraux sont valorisables à 95-99 % en remblai ; c’est des chiffres données par Veolia mais est-ce que cela se vérifie dans les qqs stations d’épuration qui utilisent ce type de procédé d’incinération ? Il est dit page 16 que les REFIB seront évacués en installation de stockage de déchets non dangereux mais où ? Il serait temps que les sites de stockage de déchets soient sur le territoire de la ville de Montpellier qui est la source de l’essentiel de ces déchets et non plus sur le territoire des communes limitrophes. Rien n’est dit sur le devenir des charbons actifs qu’il faut bien changer au bout d’un certain temps. Une ISDND ne peut pas recevoir ces charbons actifs dégradés qui sont des déchets très dangereux. Alors où seront-ils stockés et dans quelles conditions ?

2 avril 2023

La Régie des eaux a décidé, en tant que Maître d’Ouvrage, de lancer une concertation préalable dans le cadre des articles R121-19 et L121-16 du Code de l’Environnement. En réalité la concertation a commencé depuis très longtemps, puisque les habitants de Lattes et des associations environnementales ont dénoncé les faiblesses de cette station d’épuration, laquelle n’a jamais répondu aux objectifs fixés par le Président de l’Agglomération de l’époque (2006). Comme il s’agit d’un projet global Modernisation/Extension et Unité de Valorisation Energétique (UVE) avec incinération des boues, on ne peut pas dissocier son extension de la valorisation thermique des boues. Lors de l’enquête publique sur la Rénovation/Modernisation/extension de la station d’épuration de Maera, son extension a été refusée ou non souhaitée sur ce lieu par une très large majorité de citoyens ainsi que par toutes les associations environnementales qui se sont exprimées. Je constate qu’il a été plus facile pour la Métropole de justifier cette demande d’extension par l’annonce d’une modernisation afin d’atténuer les contre-performances de celle-ci pour permettre, aux yeux des habitants, de justifier le montant très onéreux de 165 millions d’euros par de nouveaux investissements pour cette seconde rénovation, extension et modernisation de Maera et faire oublier une gestion globale déficiente. C’est également l’occasion de faire oublier le manque d’anticipation des besoins à venir de la gestion globale des stations d’épuration de Montpellier Métropole afin de nous proposer un projet qui puisse répondre à une gouvernance de long terme en prenant en compte l’adaptation aux dérèglements climatiques. Voici la présentation de l’extension-rénovation de la station d’épuration de la Céreirède à Lattes en 2006 telle qu’elle a été vendue aux habitants de l’Agglomération : « Maera, c’est une station pour le futur et un équipement en faveur du développement durable. Sa capacité de traitement est de 470 000 équivalents-habitants avec un débit moyen de 130 000 m3/jour. La restitution d’une eau épurée à près de 95 % et un rejet en mer des plus performants. Un process innovant, c’est aussi d’agir ainsi pour l’avenir … Ni odeur, ni bruit… l’assurance du meilleur taux d’épuration possible à ce jour, la garantie de la qualité des eaux de baignade sur le littoral maritime, la réhabilitation du Lez et des étangs, le traitement des premières eaux de pluie (les plus chargées en pollution), la suppression des nuisances sonores et olfactives de proximité… La Rolls-Royce des stations ? » En réalité, Maera n’a jamais répondu à tous les critères du contrat passé entre les élus de l’Agglomération avec les habitants de l’Agglomération puisque, sauf erreur ou omission de ma part, nous n’avons jamais obtenu la totalité des effets positifs qui étaient annoncés. Aujourd’hui, on veut reproduire, en pire, ce qui a été un échec hier, à partir de l’extension/Rénovation/modernisation de la station de d’épuration de la Céreirède, mise en service en 2006 sous le nom de Maera. On nous propose un projet qui est dénué de tout « bon sens », situé sur une zone inondable (sauf si une étude récente peut prouver le contraire), alors que le bassin versant du Lez s’artificialise chaque jour davantage (185 hectares pour la seule ville de Montpellier sur 12 ans, entre 2009 et 2020). Alors que le cycle de l’eau en France à l’horizon 2050 montre que nous sommes en périodes de sécheresse météorologique, agricole et hydrologique, que le futur de l’eau en 2050 est très inquiétant, Montpellier Métropole décide d’augmenter la capacité de traitement afin de l’envoyer en mer en pure perte… Quelle absurdité ! Alors que l’on aurait pu et que l’on pourrait encore avoir un projet global de gestion des eaux usées qui puisse répondre au « bon sens », à l’intérêt général, à l’adaptation aux dérèglements climatiques avec une vision à long terme à contrario du projet proposé. Comment peut-on accepter l’inacceptable sur ce lieu, alors que le projet global ne répond, ni au « bon sens », ni à l’intérêt général, ni à l’adaptation aux dérèglements climatiques ?

Afin de répondre aux besoins, à l’intérêt général et à l’adaptation aux dérèglements climatiques, il était et il serait nécessaire (ancienne demande) :

• De réduire le nombre de villes raccordées à Maera aux villes de Montpellier et celles qui sont situées en aval, (permettant d’assainir la zone littorale) et la laisser à sa capacité à 470 000 EH.

• De créer ou permettre des extensions à deux stations déjà existantes (ou plus, en fonction des besoins) situées au Nord-est et l’autre au Nord-ouest et dont la capacité de chacune serait de 50 000 EH avec extension possible à 100 000 EH et permettre la réutilisation des eaux traitées, là ou le besoin existe.

• De centraliser le traitement des boues à l’ensemble des stations d’épuration de la Métropole, hors Lattes, sur une plateforme à l’écart d’habitations dont Maera y serait connectée directement par une canalisation en évitant ainsi les transports par camions et prévoir le même principe pour d’autres stations (celles dont les capacités sont les plus importantes)

• Choix du traitement des boues sur ladite plateforme, soit par compostage ou par UVE en fonction d’un choix, avantages/inconvénients/Coûts.

Ce projet d’extension/modernisation de la station Maera et UVE avec incinération des boues, ne résoudra pas l’ensemble des problèmes, au mieux, il les améliorera, mais pour combien de temps ? Il ne génèrera que des perdants pour les habitants de la Métropole : pour le Sud, des pollutions aggravées et au Nord, la perte d’eau douce pour alimenter les nappes phréatiques plus utilisations diverses… Quant au projet du traitement des boues sur le site de la Céreirède, nous le percevons comme une indécence environnementale et un manque de respect vis-à-vis de la santé des habitants de Lattes qui subissent déjà le plus grand nombre de pollutions de la Métropole. Alors que l’on nous propose, aujourd’hui, une concertation préalable, on constate que le calendrier des travaux est prévu depuis le 22 octobre 2022 avec son démarrage en juin 2023 pour un montant de 165 millions d’euros d’un marché total de 249 millions d’euros et une fin des travaux en juin 2027.

Moralité : Non à l’extension de la station d’épuration à 660 000 ou 695 000 EH (équivalent habitant) ! Non à la création d’une unité de valorisation énergétique avec incinération des boues de Maera sur le site de la Céreirède.

III. Bilan de la concertation préalable

La régie des Eaux de la métropole de Montpellier, maître d’ouvrage du projet, a répondu à seulement une partie de nos questions et demandes dans le bilan.

Balade naturaliste à Saint Jean-de-Vedas

Le 26 mars 2022, Eau Secours 34 a participé à une balade organisée par FNE LR au sud de Saint Jean-de-Vedas, un territoire remarquable sur le plan naturaliste et déjà partiellement détruit et morcelé par les aménagements péri-urbains de la métropole montpelliéraine.
 

Carte

 
Nous nous sommes baladé dans le secteur constitué par la Lauze Est et les espaces naturels et agricoles environnants. Ce secteur entouré par des routes et des zones urbaines présente un fort enjeu en terme de biodiversité et de préservation d’espace naturel. Mais la balade a aussi mis en évidence deux autres enjeux, d’une part un enjeu agricole et d’autre part un enjeu GEMAPI.

La métropole de Montpellier a prévu de construire des bâtiments pour de la petite et grande logistique sur les 20 ha de la Lauze Est. De plus, la LNMP traversera une forêt de chênes verts (Bois de Maurin) et des terres agricoles au sud de la Lauze Est.
 

Forêt de chênes verts

 
Biodiversité et espace naturel

Le secteur visité forme une enclave verte dont la biodiversité est pour l’instant relativement préservée. En particulier, la forêt de chênes verts héberge une faune et une flore typiquement méditerranéennes dont certaines espèces sont protégées.
 

Flore Flore

 

Faune et flore Faune

 
Il va sans dire que la réalisation des projets d’aménagement notamment la LNMP vont porter atteinte à la biodiversité dans ce secteur.

Agriculture

Il y a plusieurs vignes, une prairie où pâturent des chevaux camarguais et un petit champ de céréales sur le secteur.
 

Prairie Chemin

 
Selon le CCVM, les 2/3 de ces terres agricoles sont de bonne qualité. Elles mériteraient donc un autre sort que d’être bétonnées ou laissées à la viticulture et au pâturage de chevaux camarguais d’un particulier.

La plupart des parcelles agricoles destinées à la plateforme logistique de la Lauze Est ont été acquises par l’Etablissement Public Foncier d’Occitanie (service de l’Etat), en vue d’être rétrocédées à la métropole de Montpellier puis à l’aménageur délégué (SA3M). Une vigne de 4 ou 5 ha de bonnes terres au milieu du Bois de Maurin sera quant à elle traversée par la LNMP. Autant de terres où la réalisation de projets d’agroécologie ne sera plus possible…

Milieux aquatiques et prévention des inondations

L’eau est omniprésente dans le secteur visité avec 2 petits cours d’eau (Capoulière, Rieu Coulon) et plusieurs mares.

La balade a eu lieu une semaine après les fortes pluies qui ont frappé le territoire de la métropole de Montpellier, et Le sol était encore gorgé d’eau et les fossés pleins d’eau. Ce n’est pas une surprise sachant qu’une partie du secteur est en zone inondable (zone rouge du PPRI à laquelle s’ajoute une zone de part et d’autre de la Capoulière identifiée aussi comme inondable par une étude hydraulique d’Egis).

Le dossier de création de la ZAC Lauze Est publié en décembre 2019 prévoit des aménagements hydrauliques pour mettre “hors eau” le secteur. Egis y propose comme cela a été fait pour la gare Sud de France de construire des bassins de rétention et il faudra aussi probablement construire des remblais pour contrôler l’écoulement de l’eau.

Alors que la LNMP va devoir traverser la Capoulière et le Rieu Coulon, nous n’avons aucune information sur comment cette traversée va se faire. Il est peu probable pour des raisons de coût que la LNMP passe par dessus les 2 cours d’eau via un aqueduc. Une autre solution moins onéreuse mais plus dommageable pour les milieux aquatiques pourrait consister à canaliser les 2 cours d’eau et à les faire passer sous la ligne TGV.

Quoiqu’il en soit, tous les aménagements hydrauliques envisagés artificialisent les milieux aquatiques (c’est une constante dans les préconisations d’Egis) et vont à l’encontre des solutions basées sur la nature que préconise l’agence de l’eau RMC.

Et ce n’est pas tout…

A ces projets s’ajoutent ceux de l’échangeur du Contournement Ouest de Montpellier (COM), deux nouveaux ronds-points, et l’élargissement des routes, sans compter le très controversé projet du LIEN (Liaison Intercommunale d’Evitement Nord) un peu plus au Nord.

L’urbanisation galopante fait rage à l’Ouest et au Nord de Montpellier, au mépris des objectifs de Zéro Artificialisation Nette en 2040 (objectif de la région et de la métropole), de la volonté affichée de préserver une ceinture verte avec reconquête de terres agricoles et naturelles, et de la nécessité de réduire les déplacements et transports routiers.

Réglementation et enjeux des projets d’irrigation agricole dans un contexte de changement climatique

Après avoir rappelé le lobbying de l’agrobusiness auprès des gouvernements qui se sont succédé depuis les années 2010 pour obtenir une relance tous azimuts de l’irrigation agricole et son financement par les agences de l’eau et les collectivités territoriales, nous décrirons la réglementation des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE, voir à la fin de l’article la liste des sigles et des acronymes), dans lesquels doivent désormais s’inscrire les projets d’irrigation agricole, et les problèmes que cette réglementation soulève. Puis, nous décrirons les impacts plus ou moins forts sur l’environnement, la société et l’économie qu’entraîne tout projet d’irrigation, en l’illustrant à partir d’exemples pris en région méditerranéenne. Enfin, nous indiquerons quels critères devrait remplir un projet d’irrigation agricole pour être durable et préserver les milieux aquatiques, et cela dans un contexte climatique où les périodes de sécheresse sont de plus en plus fréquentes et intenses.

Sommaire

  1. L’émergence du concept de projet de territoire
  2. Une réglementation actuelle posant autant de problèmes qu’elle en résout
  3. Quelle ressource en eau peut-on mobiliser pour l’irrigation agricole et comment ?
  4. Qui va payer pour les coûts d’investissement et d’exploitation d’un système d’irrigation agricole ?
  5. Quelle agriculture devrait en priorité bénéficier de l’accès à l’eau pour irriguer ?

Lire la suite de l’article sur le site web de la revue Les possibles

Arrêtez de bétonner les Hauts de Massane !

Collectif Bien Vivre aux Hauts de Massane

Le collectif d’habitants « Bien Vivre aux Hauts de Massane » s’est formé lors des derniers jours de septembre alors que plusieurs habitants apprenaient que la concertation pour le projet ANRU2 serait close le 1 octobre 2109. En effet, ce projet de rénovation urbaine inclut la construction de 50 logements dans une zone naturelle, dans le bassin versant de la Mosson. Cette zone se situe entre une portion fermée de la rue de Corse et la rue d’Ajaccio, ainsi que sur l’emplacement même du square d’Ajaccio (Power-point ANRU2 2019 p. 25, site mairie de Montpellier).

Dans l’urgence, une pétition manuelle a recueilli 131 signatures et de nombreux habitants ont très vite déposé leurs observations sur le registre de concertation pour le programme ANRU2.

La plupart des habitants sollicités pour la pétition ignoraient l’existence de ce projet mais aussi la concertation ouverte sur internet. De même, les informations officielles relatives à ce projet sont impossibles à obtenir: villas, logements sociaux, accession à la propriété, bâtiment R+x ? A-t-on le droit de construire en lieu et place d’un espace vert public: Le Square d’Ajaccio ?

Toute la zone à l’ouest de l’avenue du Comté de Nice ne fait pas partie du quartier des ‘Tritons’, elle n’est pas comprise dans les zones prioritaires de l’ANRU. Pourquoi et comment se retrouve-t-elle dans le projet ? Toutes ces questions restent sans réponses.

Les habitants s’élèvent avec force contre ce projet, dans une zone de pleine nature

La construction d’un nombre important de logements et la réouverture de la rue de Corse impliqueront de nombreuses nuisances qui avaient déjà été constatées auparavant.

  • Décharges sauvages généralisées dans la vallée

L’expérience le prouve depuis plusieurs années, et dans des situations similaires, aux abords des maisons bioclimatiques, rue de Sicile et avenue du Comté de Nice; les dépôts de déchets, encombrants, débris plastiques et alimentaires sont systématiques et absolument pas contrôlés.

  • Pollution automobile

50 logements signifient environ 100 voitures dans cet espace fragile. Parking, hydrocarbures (vidanges et garages sauvages), bruits, stationnements intempestif et abusifs seront inévitables.

  • Risques aggravés d’incendies dans un secteur très fragile (classé zone à haut risque)

En particulier à l’aplomb du magnifique vallon dit ‘Des Cèdres’. Mégots, barbecues, voitures incendiées. Pour exemples: le contrebas des maisons bioclimatiques est brûlé (non replanté); le contrebas de la rue de Sicile est brûlé (non replanté); Le contrebas du début de la rue de Corse est brûlé (échec total des replantations). Cet été 2019, incendie sur les versants de la Canalette.

  • Ruissellement et inondations

Lors des orages et épisodes cévenols, le ruissellement induit par la pente est très important. De gros travaux seront nécessaires sans pour autant garantir la sécurité des biens et des personnes. « Corsetage de la vallée de la Mosson ». Des constructions supplémentaires jouxtant les abords de la Mosson ne peuvent que nuire à l’équilibre écologique de la vallée. La rivière est déjà impactée par le pompage du golf de Juvignac et les débordements périodiques des bouches d’égouts (témoins les proliférations d’algues). Les bassins versants ont pour fonction l’absorption et l’épuration des eaux de ruissellement. Plus ils sont larges plus la rivière sera protégée des pollutions.

  • Destruction de la biodiversité

Ce projet aura des conséquences directes sur la zone construite – qui est reconnue comme une zone de reproduction d’une espèce de crapaud – et sur les zones limitrophes. La bétonisation et les débroussaillages dans la zone classée (Vallon des Cèdres) seront nécessairement élargis et impliqueront la disparition des espaces de nidification d’oiseaux et refuges de petites espèces, reptiles, rongeurs, insectes. Les Ecologistes de L’Euzière ont fourni sur cette zone une étude précise qui figure dans le dossier même de concertation ouvert au public. Les urbanistes et les autorités l’ont-ils lue ?

Ce projet est en contradiction avec les engagements publics de la métropole de Montpellier, la SERM, et L’ANRU2

Dans son Manifeste pour Montpellier, une ville écologique et humaniste, la métropole et la ville « s’engagent à assurer la résilience aux risques, accroître le patrimoine arboré ». La protection de la biodiversité, la lutte contre le dérèglement climatique, sont des thèmes sans cesse mis en avant par la mairie et la métropole. Ce projet de construction est en totale contradiction avec ces déclarations. En bétonnant une zone naturelle, en augmentant les risques d’incendie, d’inondation, de pollution, elles vont à l’inverse de leurs engagements !

De même, les engagements pris par le plan ANRU2 Mosson: « Améliorer la qualité de vie au quotidien en remettant la nature et le paysage au cœur du quartier ».

Et ceux pris par le plan stratégique SERM, Réenchanter la ville 2019/2021: « Dessiner une nouvelle perspective urbaine écologique et inscrire chacune de nos opérations dans une démarche toujours plus vertueuse ».

Peut-on valoriser la nature en la mettant en danger, mettre le paysage au cœur du quartier en détruisant ce même paysage ?

Il faut rappeler que la métropole s’est engagée dans le ScoT 2018/2019 à faire de ses priorités la protection de la biodiversité et la mise en valeur des paysages.

De plus Monsieur Saurel, maire de Montpellier et président de la métropole, s’était également engagé lors de la réunion publique du 4/4/2109 à aménager les abords de l’avenue du comté de Nice et de la rue de Corse pour prévenir les décharges sauvages.

Les Hauts de Massane n’ont pas besoin de nouveaux logements,qu’ils soient sociaux ou pas, R+1+2+3+4, ce quartier en est très largement et suffisamment pourvu. La construction de 40 ou 50 logements sous forme de villas apportera exactement les même nuisances.

Pollution, isolement, insécurité seraient ils les maîtres-mots du nouveau plan ANRU ?

Ce paysage n’appartient pas seulement aux riverains; il appartient à tous, pailladins, montpelliérains, grabellois. Chacun peut venir y admirer l’harmonie des collines ou les passages des oiseaux migrateurs ou simplement promener son chien. Dés les premiers beaux jours, les vacanciers occupants des locations sont plus nombreux qu’on ne croit (photo) dans cette portion de nature dans Montpellier même. La nature aussi est facteur de cette mixité si chère à nos décideurs politiques !

Cet espace doit être classé en zone verte et préservé de toutes constructions

un espace de nature à protéger

Alors oui, aménageons un véritable lieu de paix et de bien être! Aménageons-le en une zone naturelle de loisir, jogging, promenade piétonne et vélos. Installons une table d’orientation pour profiter pleinement de la vue sur le Pic St Loup, Grabels, le mont St Baudile. Créons une « Ramblas-coucher-de-soleil »; ils sont vraiment magnifiques sur le plateau de Bel air. Ainsi, la ville pourra, à juste titre, revendiquer sa modernité, ses engagements dans la protection de la nature, ses actions dans le développement durable, et agir réellement pour le bien vivre de tous !

Collectif Bien Vivre aux Hauts de Massane

Ci-dessous le lien pour signer et faire signer la pétition, nos courriers à toutes les instances concernées étant pour le moment sans réponses.

http://chng.it/c75KHWnZhg

Transfert des sédiments du Rhône et recul du trait de côte

Contribution écrite de Eau Secours 34 à la concertation préalable pour la prolongation de la concession Rhône à la CNR

Les barrages, écluses et autres ouvrages que la Compagnie Nationale du Rhône a construit sur le Rhône ont non seulement profondément modifié l’hydromorphologie du fleuve mais aussi très fortement réduit le transfert sédimentaire à la mer. Ce transfert ne représente plus que quelques % du transfert « naturel » d’avant les travaux d’aménagement de la CNR. Ce déficit d’apport sédimentaire est la cause principale du recul du trait de côte qui affecte le littoral méditerranéen depuis la Camargue jusqu’aux Pyrénées-Orientales. Par endroit, la côte sableuse recule de 3 à 4 mètres par an; l’érosion de la côte camarguaise ne permet plus aux zones humides de jouer pleinement leur rôle tampon ce qui entraîne une salinisation progressive des ressources en eau. Si rien n’est fait, la diminution du débit du Rhône et la montée du niveau de la mer résultant du changement climatique vont encore aggraver la situation.

Le dossier de la concertation préalable vante le bilan de la CNR en tant qu’aménageur du Rhône, mais se garde bien de parler des impacts négatifs de ces aménagements sur le littoral méditerranéen, impacts à la fois sociaux, économiques et environnementaux. Dans le projet de prolongation de la concession Rhône, il est fort peu question du transfert sédimentaire; rien n’est proposé pour l’augmenter, par exemple en effectuant des travaux de rénovation des barrages. Bien au contraire, la CNR prévoit la construction d’un nouveau barrage. Or, des travaux de rénovation bien menés sur les barrages existants permettraient d’augmenter significativement le transfert sédimentaire tout en maintenant voire augmentant la production électrique. C’est un véritable scandale que les coûts du recul stratégique – qui sera d’autant plus important si rien n’est fait – soient supportés dans le futur par les habitants, les agriculteurs et les entreprises des communes littorales et non pas par la CNR. A quand un principe équivalent à celui du « pollueur payeur » ?

Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire

La question du transfert des sédiments et du recul du trait de côte a fait l’objet de différentes études. De celles-ci, il en résulte que depuis 150 ans l’endiguement du petit Rhône et du grand Rhône et la fixation artificielle de l’embouchure ont modifié l’alimentation du delta et de son littoral (voir détail dans Le Rhône en 100 questions question 5 chapitre 2 «Pourquoi la côte de la Camargue recule-t-elle ? »).

Depuis 100 ans, il y a un tarissement des apports sédimentaires à la mer (divisé par 5). Ce tarissement est principalement lié (voir détail dans Le Rhône aval en 21 questions questions n° 4 et 12) :

  • au reboisement des versants des affluents: travaux du service départemental de la Restauration des Terrains en Montagne (RTM) lancé au XIXème siècle,
  • à la présence des grands barrages réservoirs alpins,
  • aux extractions historiques en rivières de sédiments qui forment des fosses favorisant la décantation, cette extraction en lit mineur est interdite depuis 1994,
  • aux épis Girardon construits fin du XIXème siècle, début XXème siècle qui favorisent le développement des marges alluviales.

Par ailleurs, dans le cadre de l’entretien des ouvrages et du chenal de navigation, CNR a l’obligation de respecter les dispositions du SDAGE en particulier de la disposition 6A13 et l’arrêté du 30 mai 2008 relatif aux opérations de dragage. Dans ce cadre lorsque CNR réalise des dragages la réinjection dans le cours d’eau est privilégiée.

Enfin en cohérence avec la disposition 6A7 du SDAGE « mettre en œuvre une politique de gestion des sédiments », un schéma directeur de gestion sédimentaire sur le Rhône est en cours d’élaboration, la partie État des lieux devrait se terminer en fin d’année et le rendu de l’étude est prévu à la mi-2020.

Dans le cadre du projet de prolongation, CNR aura à mettre en œuvre les conclusions du schéma directeur de gestion sédimentaire dans le cadre du volet environnement du schéma directeur de la concession.

SubmersionS

Le documentaire SubmersionS a été projeté le vendredi 15 février 2019 à Pérols et le samedi 16 février 2019 à Palavas.

SubmersionS a été tourné sur le littoral de la Nouvelle Aquitaine, depuis la pointe de l’île de Ré jusqu’à Hendaye, pendant les tempêtes de 2014 et 2015. Il recueille la parole des élus, des scientifiques, des associations environnementales et des habitants confrontés au recul du trait de côte, au risque d’inondation par submersion marine, à la montée du niveau de la mer due au changement climatique … Tout un ensemble de sujets qui concernent aussi les communes du littoral languedocien.

 

 

Un riche débat a eu lieu après la projection du documentaire, animé par l’ASPRI, les Cabaniers de Pérols, le CIDES34 et Eau Secours 34, avec la participation d’Olivier Sigaut, enseignant-chercheur en politique de l’environnement à l’université Bordeaux Montaigne et réalisateur de SubmersionS.

 

Palavas, 16 février 2019