Eau Secours 34 constate que le projet de l’OAP Castelnau-le-Lez Sablassou est un copier-coller du projet de DUP réserve foncière sur le secteur de Sablassou, rejeté par la majorité des habitants de Castelnau-le-Lez ayant participé à l’enquête publique en juillet 2024 avec un avis défavorable du commissaire-enquêteur.
Le site de Sablassou dans le projet d’AOP est d’une surface de 11 ha, soit un ha de plus que dans le projet de DUP réserve foncière. Le projet prévoit la construction d’environ 50 000 m² de surface de plancher dont 45 000 m² pour la seule construction d’un établissement de santé (la fameuse clinique que le maire de Castelnau-le-Lez cherche à imposer coûte-que-coûte). La construction se trouve dans ce qui reste de la plaine agricole de Sablassou. La hauteur des bâtiments autorisée est de 28 m, soit des immeubles de R+7 et R+8 étages. Nous ne savons pas si les parkings de l’établissement de santé seront souterrains ou en surface. Il va s’en dire que les conséquences sur les eaux souterraines et le risque d’inondation ne seront pas les mêmes selon le type de parking construit.
Nous allons donc reprendre notre analyse hydraulique du projet de DUP et la compléter pour le projet d’AOP à la lumière des informations supplémentaires dont nous disposons, notamment la mise à jour de la carte du PPRI de Castelnau-le-Lez intégrant désormais le risque d’inondation par ruissellement des eaux pluviales en plus de celui par débordement des cours d’eau, et une carte assez grossière de la remontée de nappes par le BRGM.
Une aggravation du risque d’inondation
Le secteur englobant Sablassou a subi dans un passé pas si lointain de fortes inondations (2011, 2015). La voie ferrée et même la ligne 2 du tram et le chemin du Pech St Pere, parties intégrantes du futur pôle d’échange multimodal, sont inondés à chaque pluie d’intensité moyenne ou forte. C’est encore le cas du chemin du Pech St Pere après la pluie d’intensité moyenne de la semaine dernière.
Le ruissellement des eaux de pluie sur des sols imperméabilisés par des aménagements urbains sur des parcelles initialement naturelles ou agricoles est la cause principale de ces inondations, renforcé par la remontée de nappe à l’extrémité sud de Sablassou. La carte du PPRI, retravaillée par l’association « Non au Béton » pour être plus lisible, montre un aléa très fort (violet) le long de la voie ferrée, fort (orange) et modéré (vert) le long de la ligne 2 du tram et sur le chemin du Pech St Pere (voir pièce jointe). L’imperméabilisation supplémentaire à Sablassou ne laissant que 30 % de surface perméable aggravera clairement le risque d’inondation, d’autant plus qu’il n’est, semble-t-il, pas prévu de désimperméabiliser sur le même secteur pour compenser cette imperméabilisation supplémentaire. A cela, il faut ajouter l’inondation des parkings de la future clinique dans le cas où ils seraient souterrains. Quelle ineptie de construire une clinique dont les voies d’accès par les ambulances et autres véhicules ainsi que ses éventuels parkings souterrains peuvent être inondés à tous moments ! La surface imperméabilisée non compensée et la construction d’éventuels parkings souterrains dans la nappe ne respectent ni le ZAN ni le règlement du PLUi et sont incompatibles avec le SDAGE et le SAGE.
Une diminution de la recharge de la nappe
Le Sablassou possède une nappe d’eau souterraine dans les sables astiens sous une couche loess-limon profonde d’environ 3 à 6 mètres. Une activité agricole a pu ainsi se développer dés le XIIème siècle grâce à la bonne qualité des terres loessiques et à leur capacité de rétention d’eau, mais aussi grâce à des norias, puits et forages prélevant de l’eau dans la nappe pour irriguer certaines cultures. Actuellement, plus de la moitié des norias, puits et forages sont abandonnés et/ou à sec, ce qui laisse supposer que la recharge de la nappe ne s’effectue plus aussi bien qu’avant. La couche loess-limon étant plutôt imperméable, la percolation de l’eau de pluie jusqu’à la nappe s’effectue dans les endroits où la couche loess-limon est de très faible épaisseur, au niveau des fossés et par les karsts situés au nord de la 113. L’explication la plus probable à la diminution de la recharge de la nappe est l’imperméabilisation du sol à ces endroits et le comblement de fossés. L’imperméabilisation du sol par des aménagements urbains sur des parcelles de l’OAP diminuerait d’autant la recharge de la nappe et la capacité de rétention de l’eau dans le sol (eau verte). Les parkings souterrains freineraient également l’écoulement longitudinale de l’eau dans la nappe. Tout cela qui porterait un coup terrible à l’activité agricole et au jardinage à Sablassou.
Une atteinte de plus à la trame verte et bleue
Sablassou fait partie d’une trame verte et bleue à l’Est de Montpellier. Cette trame est un ilot de fraicheur et de biodiversité très appréciée des habitants. La loi impose depuis 2021 dans les documents de planification (SRADDET, SCOT, PLUi) la préservation et la restauration de la continuité écologique et de la biodiversité au sein des trames vertes et bleues ou de ce qu’il en reste. Les aménagements urbains sur les parcelles de l’OAP en continuant de dégrader et fragmenter les habitats naturels iront à l’encontre de cet objectif vertueux.
Avis défavorable de Eau Secours 34
Notre avis sur ce projet d’AOP ne peut-être que défavorable pour les raisons indiquées ci-dessus.

